Un jour de plus dans ce trou, un jour de plus de déprime. Même si Simon arrive toujours à bosser, malgré l’absence de son bureau et de sa secrétaire, loin de New York, il n’empêche que ça lui manque. La ville, l’ambiance, le bruit, le dynamisme, il est tellement au fond que même la puanteur de certaine zone lui manque. Il n’était supposé rester que quelques jours, juste histoire d’enterrer son paternel et se barrer après avoir réglé quelques affaires, et il serait parti sans se retourner. Mais non, le voilà coincé ici depuis presque 6 semaines. De quoi être énervé. C’est d’ailleurs la raison de sa présence ici, au club de boxe. Taper dans un sac de sable jusqu’à s’en faire saigner les phalanges devrait le calmer. Il était là, concentré sur son sac, à lâcher toute sa haine dessus. Il sursaute, et se retourne pour y trouver son demi-frère qu’il n’était passé voir que brièvement peu de temps après son arrivée. Il ne s’attendait pas du tout à le voir ici. A part son autre demi-frère et désormais collègue, il n’avait revu personne de sa “famille”. Et la seule raison qui faisait qu’il l’avait revu lui, c’était le “boulot”. C’était d’ailleurs aussi la seule raison qui le gardait en ville.

“Riley. Qu’est-ce que… Tu fais là?”

Qu’il demande, un peu étonné, et un poil dérangé de le croiser là. La ville n’est certes pas géante mais il ne s’attendait pas à le croiser ici, pendant son moment de relâche. Rares sont les fois où on peut le croiser dans un autre accoutrement que son costume cravate habituel. Son autre demi-frère à beau lui dire que ce n’est pas franchement le genre de tenue qu’on porte dans un bar, ça reste sa tenue de choix, en dehors des moments où il fait du sport.

"family is not my strong suit” &   @Simon Gray
Un cauchemar, un énième. Un rêve qui te transperces en plein cœur, souvenir douloureux d'une nuit que tu aimerais oublier. C'est toujours le même. La soirée, les verres qui s'enchaînent, Ezra qui t'aides à monter dans la voiture, et puis le choc. Le bruit, aussi. C'est toujours là que tu te réveilles en sursaut, en sueur, le cœur au bord du gouffre tant les battements te semblent irréguliers. Les jours s'écoulent et toi tu as l'impression de régresser, de ne pas parvenir à avancer face à ton deuil. La culpabilité grandissante à mesure que le temps passe, t'en payes le prix dès que tes yeux se ferment. Alors ce matin, tu n'as pas cherché plus loin. Barre de céréales dans la bouche, clés dans une main, sac de sport dans l'autre, tu descends les escaliers de ton immeuble pour rejoindre ta vieille carcasse. Ce tas de ferrailles que tu affectionnes particulièrement mais qui menace de te lâcher à tout moment. Tu conduis jusque la salle de boxe, devenu ton refuge ces dernières années, et y pénètres avec un naturel et une habitude déconcertante. Tu connais cet endroit comme ta poche, pour y avoir passé ton adolescence. C'est tout ce qui te calmes, tout ce qui te permets de faire le vide dans ta tête. Et ces dernières semaines, tu y passes une grande partie de ton temps libre. Tu parcours la salle, salues rapidement les quelques habitués du lieu avant de te figer face à une silhouette que tu reconnaîtrais entre mille. "Simon... ?" Tu observes ton demi frère sursauter sous le son de ta voix, découvrant son visage avec surprise. "Je passe ma vie ici... Qu'est-ce que toi tu fais là ?" N'était il pas supposé rester seulement quelques jours ? Toi tu ne t'étales pas plus que ça sur les raisons de ta venue. On ne peut pas dire que vous vous parlez très souvent, tous les deux, de toute manière. Tu arques un sourcil, déposes tes affaires sur le plancher de la salle. "J'te croyais déjà parti." Les épaules haussées, tes bras viennes se croiser en plongeant dans son regard, tandis ce que tes lippes semblent s'étirer légèrement. "On te manquais trop, c'est ça ?"
 

code by solosands

Simon a tendance à agir comme un étrangé et surtout comme un New Yorkais ici. Il s’occupe de ses affaires et ignore celles des autres ce qui n’est pas souvent le cas dans le coin. Sa vie se résume à son métier et son compte en banque, le reste il s’en branle royale. Solitaire dans l'âme, il se trouve trop bien pour Norwood de toute façon. Alors oui, pour lui, l'enterrement de son père et le rendez-vous chez le notaires n’étaient rien de plus que des obligations culturelles. Il aurait préféré ne rien avoir et pouvoir rentrer dans son penthouse à Manhattan. Alors oui, il n’avait prévenu qu’il restait parce que chaque loyer qu’il payait pour la petite maison avec vue sur les montagnes était un loyer de trop, même s’il ne crachait pas sur la vue.

“Euh, j’viens boxer.”

Plutôt logique après tout, s’il était venu là pour boire le thé et manger des macarons, il serait bien mal tombé. Son frère ajoute qu’il le pensait déjà parti, ouais, lui aussi aurait pensé qu’il serait déjà rentré chez lui depuis le temps. Et contrairement à ce que venait de sortir Riley, non il n’était pas resté pour eux. Il répond au premier degré, comme souvent.

“Non.” Au moins c’est clair et précis. “Clyde m’a légué son bar et une partie de la maison. Du coup je reste le temps de savoir quoi faire de ça.”

Revendre ses parts ou investir? Qu’est-ce qui sur le long terme lui rapportera le plus d’argent? Après tout, c’était tout ce qui lui importait. Louer la maison est une évidence, mais son frère refuse de la mettre à la location, à croire qu’il est le seul de sa famille à avoir eu un cerveau fonctionnel. Pour ce qui est du bar, ce genre d’établissement, c’est toujours un risque financier. Du quitte ou double.

“Je partirais dès que je pourrais, mais pour le moment mon demi-frère à besoin d’aide pour gérer le bar, alors je m'occupe des factures et de tout ce qui est administration et dès qu’il aura trouvé quelqu’un pour l’aider, je rentrerai chez moi.”

“Chez moi” ces mots que son frère déteste temps, depuis qu’ils sont réunis par le bar, il n’a de cesse de lui répéter que c’est ici chez lui. Qu’il n’aurait jamais dû partir. Et pourtant, s’il n’était pas parti, il ne serait qu’un bouseux de plus parmi les bouseux.